Les carences des plantes

Un signe qui ne trompe pas : la décoloration des feuilles

La décoloration anormale des feuilles des plantes s’appelle la chlorose. Bien souvent, la décoloration s’accompagne par un ralentissement de la croissance ou par une perturbation dans le fleurissement.

Tous ces symptômes sont les résultats d’un seul et unique problème : une carence en minéraux. Bien qu’une plante soit composée à 90 % de carbone, d’hydrogène et d’oxygène (qu’elle trouve dans l’air et l’eau), elle a besoin de quelques minéraux pour faire tourner sa machinerie interne.

Ainsi, l’azote est un constituant de l’ADN, des protéines, de certains lipides ou de pigments comme la chlorophylle (qui donne la couleur verte des feuilles). Le phosphore, qui est également un constituant de l’ADN, est une source d’énergie pour les réactions chimiques internes des cellules.

De son côté, le potassium joue notamment un rôle dans le contrôle de l’ouverture des stomates (le « nez » des feuilles qui permet les échanges gazeux avec l’extérieur) quand le calcium est un constituant des parois végétales et que le fer intervient dans la synthèse de la chlorophylle.

En cas de disette, la plante va essayer de recycler les minéraux qu’elle utilise déjà. Elle va les déplacer des vieilles feuilles, qui sont moins productives, vers les jeunes feuilles pleines d’avenir. Cependant, bien que certains minéraux puissent être déplacés, d’autres sont impossibles « à déménager ». En conséquence, on peut déterminer la nature de la carence selon son positionnement sur les feuilles.

Lorsqu’une chlorose apparait sur de jeunes feuilles (situées en haut du végétal), cela signifie qu’un minéral très peu mobile dans la plante manque. Cela peut être :

  • Du bore : qui entraîne des nécroses sur les méristèmes (ces paquets de cellules cachées dans les bourgeons)
  • Du fer et du manganèse : qui provoquent des chloroses entre les nervures des feuilles
  • Du soufre : qui provoque un jaunissement des feuilles

A l’inverse, lorsqu’une chlorose apparait sur de vieilles feuilles (situées à la base du végétal), cela signifie qu’un minéral mobile dans la plante manque. Cela peut être :

  • Du magnésium : qui provoque des chloroses entre les nervures
  • De l’azote : qui provoque un jaunissement des feuilles (comme pour le soufre)
  • Du potassium : qui provoque des nécroses sur les pointes des feuilles
  • Du phosphore : qui provoque des décolorations rouges
Carence en phosphore – décoloration rouges, violettes Carence fer, magnésium – décoloration entre les nervures Carence azote, soufre – décoloration totale des feuilles

 

Ces carences peuvent avoir deux origines.

  1. Soit les minéraux ne sont tout simplement pas dans le sol, d’où le manque ! Il faudra alors compenser ce manque par avec un engrais adapté.

Par exemple : pour une carence en azote, il existe des « engrais coup de fouet » comme la poudre de sang ou la corne broyée. Pour le potassium, vous pouvez faire un apport de cendre alors que pour le phosphore il existe de solutions à base de poudre d’os.

  1. Soit les minéraux sont dans le sol, mais la plante n’arrive pas à les attraper ! Dans ce dernier cas, ce problème est lié au pH du sol : par exemple un sol trop basique diminue la biodisponibilité du fer pour la plante, d’où la carence.

Ces décolorations arrivent assez souvent en intérieur, lorsque l’on arrose les plantes avec de l’eau de robinet, un peu trop calcaire. Voici comment y remédier :

  • Sur le court terme pour corriger le pH : vous pouvez ajouter un peu de jus de citron ou de vinaigre blanc dans l’eau d’arrosage. Comptez 1 à 2 cuillères à soupe pour un arrosoir de 10 I.
  • Sur le long terme : filtrez l’eau pour l’adoucir ou utilisez de l’eau de pluie.

La faim d’azote

Peut-être avez-vous déjà été témoin de ce curieux phénomène au jardin : après l’installation d’un paillage au pied de vos plantes, il peut arriver que leur croissance se mette à ralentir (les plantes paraissent alors plus chétives). Pire, les feuilles commencent à jaunir.

Ce jaunissement est lié à une carence en azote. On parle de « faim d’azote » car cette carence est temporaire. La plante se retrouve momentanément en manque de ce précieux minéral pour elle.

Mais alors, comment un paillage peut-il provoquer une carence ?

En toute logique, ici on apporte des matériaux au sol, il ne devrait donc rien manquer pour les plantes…

La réponse réside dans un déséquilibre dans la composition de la matière organique du sol (la matière organique est la matière « issue » de la décomposition du vivant – plantes, feuilles, écorce, insectes, animaux, etc. Par exemple, le compost et le fumier sont de la matière organique).

Et plus exactement d’un déséquilibre dans la proportion de carbone et d’azote (aussi appelée « rapport C/N »).

Le rapport C/N

Ce rapport est un des critères déterminants pour qualifier la matière organique. Dans les sols le C/N oscille entre 10 et 30 (c’est-à-dire que pour 100 gr de carbone du sol, on retrouve environ 3 à 10 gr d’azote)

  • A titre d’exemple, un brin de paille de blé a un C/N d’environ 100 (c’est-à-dire que pour 100 gr de carbone on retrouve 1 gr d’azote dans un brin) • A l’inverse, une population de bactéries à un C/N de 6 (c’est-à-dire que pour 100 gr de carbone on retrouve environ 16 gr d’azote dans une colonie de bactéries)

La variation de ce rapport est un bon marqueur pour comprendre ce qu’il se passe à un instant T dans le sol.

Si le rapport est inférieur à 10, cela signifie qu’il est en train de perdre son humus (riche en carbone) et que la majeure partie de la matière organique est sous forme de bactéries. Le sol est donc en train de se « déstructurer » : il perd de sa porosité (il se tasse) et sa capacité à retenir des minéraux diminue. Il devient de moins en moins fertile.

Si le rapport est supérieur à 30, cela indique que le sol est riche en matière organique (par exemple, on vient d’installer une bonne couche de paillage), mais ici l’azote du sol est entièrement mobilisé par les bactéries pour dégrader la matière carbonée (l’azote est le « carburant » des bactéries. Elles l’utilisent comme énergie pour réaliser leur travail de décomposition).

Voici donc l’origine des faims d’azote.

Que se passe-t-il exactement après l’application d’un paillage de paille de blé : • une paille de blé contient environ 100 gr de carbone pour 1 gr d’azote. • or pour « manger », « décomposer » la paille de blé, les bactéries ont besoin d’environ 4 gr d’azote. • Il manque donc 4-1=3 gr d’azote. • Pour compenser ce manque, les bactéries vont aller chercher l’azote dans le sol, • En conséquence, l’azote vient à manquer pour les plantes, elles se retrouvent carencées temporairement (l’azote mobilisé par les bactéries sera de nouveau disponible à leur mort)

Comment éviter la faim d’azote avec le paillage,

Pour les paillis très « carbonés » comme la paille, ou les copeaux de bois, il suffit de faire un léger apport d’azote (quelques dizaines de grammes par m2) via :

  • du compost bien mûr,
  • ou un fumier bien décomposé
  • ou un engrais naturel (comme de la corne broyée par exemple)
  • ou un purin d’ortie